Retour sur le Start-Up Breakfast #3 — L’anti-pitch de Keymantics et Qonto

Retour sur le Start-Up Breakfast #3 — L’anti-pitch de Keymantics et Qonto

A 25 ans, Arthur Quérou n’en n’est pas à son premier coup d’essai entrepreneurial. A l’âge de 14 -15 ans, sa mère décide de ne plus lui acheter de jeux vidéo; ces derniers impactent alors sérieusement ses résultats scolaires. C’est le déclic pour Arthur qui utilise internet comme un tremplin pour s’acheter ses propres jeux vidéo. De fil en aiguille, il réalise différents sites dont un qui devient leader de son marché et qu’il finit par revendre à un groupe de presse belge. Puis vient sa période du « spam », plus facile à vendre selon lui, avec plus de 250 000 messages par jour sur Twitter et Facebook. Il finit par rejoindre Epita – seule école d’informatique qui a bien voulu l’accepter – où il rencontre Louis, son futur associé. Ensemble ils décident de créer une structure juridique pour facturer du développement IT. En voulant se créer un portfolio d’applications ils finissent par développer « un peu par erreur » une banque d’images et de gifs, qui connaît vite un succès phénoménal. Plus de 4 % des habitants de Singapour téléchargent son application alors qu’il n’y a jamais posé les pieds. C’est la magie du web, les frontières disparaissent pour les utilisateurs !

Après la vente de cette deuxième entreprise, ils décident de s’associer de nouveau pour créer un business autour de la publicité : l’AdTech. Leur expertise en matière d’expérience utilisateur les amèneront jusqu’au États-Unis où l’incubateur Y Combinator les accueille pour 4 mois. De retour en France, ils revoient leur stratégie commerciale et font la rencontre d’Adikteev qu’ils finissent par rejoindre en 2015. Aujourd’hui leur entreprise regroupe une centaine de collaborateurs avec des bureaux à Berlin ou encore New York. Ces derniers mois, Arthur est parti d’Adikteev, pour s’associer cette fois avec Franck Tetzlaff (CTO et co-fondateur de Doctolib). Leur objectif est d’apporter un nouveau regard sur le traitement de la donnée publicitaire. Ils lancent donc une technologie de ciblage publicitaire appelée Keymantics.

« Mon envie d’entrepreneuriat est venue graduellement », Alexandre Prot

Alexandre Prot a quant à lui commencé sur les bancs d’HEC et poursuit son parcours chez Goldman Sachs et McKinsey. Son envie d’entreprendre est venue graduellement. Il a d’abord travaillé avec Rocket Internet, un incubateur allemand, pour qui il a eu l’opportunité de développer un projet semblable à Airbnb; mais le géant Américain aura eu raison d’eux. En 2013, il retrouve un ami du lycée Steve Anavi, ingénieur de formation, avec qui il se lance dans l’aventure entrepreneuriale, à son compte cette fois-ci.

De ces retrouvailles naît Smok.io. Le concept est simple : une cigarette électronique pour arrêter de fumer. L’outil était technique et perfectionné mais leur stratégie commerciale bancale. Ils réussissent tout de même à faire une belle vente de leurs produits sur leur site web et via Amazon. Un des plus gros acteurs mondiaux du tabac finit par racheter leur entreprise afin de l’intégrer dans leur branche R&D.

Après cette aventure, les deux hommes ne souhaitent pas s’arrêter là. Leur première collaboration fut un succès, alors ils décident de continuer. Mais cette fois ils se tournent vers le milieu bancaire. C’est lors de la création de leur première entreprise que les deux hommes se rendent compte que les produits et services bancaires ne sont pas du tout adaptés aux petites entreprises. Ils fondent alors Qonto, une « néo-banque » pour les indépendants et PME. Aujourd’hui ils sont une trentaine de collaborateurs, ont 1500 clients et viennent de lever plus de 12 millions d’euros (seed et série A). Leur objectif est avant tout de répondre aux problématiques des TPE et PME en proposant un service adapté à leurs besoins et ainsi faciliter leur comptabilité. Selon eux, la réglementation n’empêche pas d’innover mais des partenariats avec d’autres fintechs, tels que Finexkap dans l’affacturage ou Lendix dans le crowdlending, leur permettrait de proposer d’autres solutions bancaires à leurs clients.

Un leitmotiv : rester focus !

Pour Alexandre, c’est avant tout l’équipe qui justifie le succès d’une start-up. Pour lui, l’association des talents, beaucoup de travail et un peu de chance serait la combinaison idéale. A l’inverse, ces différentes expériences l’ont amené à penser que le « hardware est plus dur que le soft » (« hardware is hard »). Sans mauvais jeux de mots il nous explique que « la marge d’erreur est plus facile à encaisser pour un logiciel car l’agilité du produit est plus facile à appréhender ». A l’inverse sortir un produit « hardware » nécessite une vigilance bien plus accrue puisqu’après la fabrication, il est impossible de revenir en arrière, où cela coûte très cher.

Arthur, quant à lui, met l’accent sur les relations entre associés, qui peuvent parfois être une “bombe à retardement”. De plus, le côté juridique serait selon lui souvent négligé par les fondateurs, et pourtant, il pose de solides bases pour commencer une aventure entrepreneuriale, et éviter justement des rapports conflictuels entre associés. Enfin, ce qui fait le succès d’une entreprise est selon lui la capacité d’un entrepreneur à rester « focus » et à traiter un à un les problèmes, plutôt que tous d’un coup. « Je n’invente rien en disant qu’à courir après 2 lièvres, on en attrape aucun ».

La France, un terrain de jeu adapté ?

La question de rester sur le territoire français se pose au vu des difficultés que peuvent rencontrer certains entrepreneurs lors de la création d’une start-up. Néanmoins, ce n’est pas ce qui a effrayé nos deux start-uppeurs, bien au contraire !

Pour Arthur son expérience américaine n’aura pas été à son goût, les mentalités étant bien différentes outre-atlantique, il a préféré se lancer en France avec des techniciens et un côté administratif « plus simple ».

Alexandre lui ne se voyait pas entreprendre ailleurs qu’en France. Il y avait beaucoup à faire dans le secteur bancaire, mais l’idée de s’exporter en Europe trotte dans sa tête, pourquoi pas Berlin ou Londres… Mais le co-fondateur de Qonto préfère avant tout proposer un produit de qualité sur le marché français avant de s’exporter en Europe d’ici 6 à 9 mois.

Se faire racheter par un gros : est-ce une fatalité ?

« D’abord ils vous ignorent, ensuite ils vous raillent, ensuite ils vous combattent et enfin, vous gagnez. » cite tant bien que mal Alexandre pour répondre à l’éternel question de la survie autonome des startups et notamment les Fintechs. L’ombre du rachat du Compte Nickel, la « no bank », par la BNP illustre ce phénomène de rachat des « petits » par les « gros ».

L’option de rachat des startups par des grands groupes est bien présente dans tous les domaines et non pas seulement dans le milieu bancaire où une poignée d’entreprises se partage le marché. Néanmoins, les différents acteurs restent attentifs aux innovations. Il arrive parfois que cela les intéresse lorsqu’ils voient que certaines start-ups arrivent à conquérir des marchés dont ils n’ont pas su exploiter le potentiel. Vient alors le rachat de ces petites entreprises afin de se garder l’option de l’utiliser ou non. Néanmoins, la force de ces nouveaux acteurs repose sur leur capacité à s’adapter à ces nouveaux marchés grâce à une proximité plus accrue avec leurs clients.

La levée de fonds, une étape clé pour accélérer son business

Comme toute start-up et afin de devenir une scale-up, nos deux entrepreneurs sont passés par l’étape cruciale de la levée de fonds. Arthur a pu bénéficier de la vente de sa deuxième entreprise pour lancer Keymantics, plusieurs fonds d’investissement lui proposeront pas la suite leur aide. Les investisseurs aiment les « serial entrepreneurs » !

Quant à Alexandre, sa précédente expérience lui aura apporté une certaine crédibilité auprès des investisseurs et aura facilité son accès à des fonds. Mais pour lui, ce qui a permis cette levée c’est bien son équipe, un des facteurs clé de succès d’une start-up.

Fiona Breton, Business Developer chez Estimeo

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