Fanch Francis : Du Ministère des Armées à l’entrepreneuriat

Fanch Francis : Du Ministère des Armées à l’entrepreneuriat

Fanch Francis : Du Ministère des Armées à l’entrepreneuriat

Nano Corp est une startup française spécialisée dans la maîtrise des réseaux de communication au travers de l’analyse protocolaire. Elle s’adresse principalement aux clients grands comptes souhaitant optimiser et sécuriser l’exploitation de leurs réseaux. Pour financer sa croissance et accélérer son développement, Fanch, CEO de Nano Corp, a réalisé un premier tour de table auprès d’investisseurs comme Elaia Partners. 

Du Ministère des Armées à Nano Corp en passant par le développement d’une première startup, Fanch Francis nous présente son parcours jusqu’au monde entrepreneurial. Il nous livre ses conseils, les difficultés rencontrées et partage ses ambitions pour la suite de son entreprise.

Quelle a été la transition vers le monde entrepreneurial ?

Engagé pendant 18 ans comme militaire pour le Ministère des Armées, Fanch n’a pas plongé dans l’entrepreneuriat du jour au lendemain. Son changement de parcours s’est fait progressivement et en plusieurs temps.

1. Riche formation, mais des limites d’évolution au Ministère

Le Ministère propose une large panoplie de formations et d’expériences parfois uniques en leur genre. Cependant les perspectives d’évolution restent cantonnées au strict besoin du moment, son expérience et son grade l’ont amené à atteindre les limites de son rôle au sein du Ministère. “Tu atteins un plafond de verre dû à ton grade décorrélé de ton niveau d’expertise”.

Malgré un travail en lien avec l’innovation pour le traitement de données de masse, sujet particulièrement challengeant, il ne pouvait exploiter complètement ses idées et ses ambitions. Fanch en voulait plus, ce fut le premier changement.

2. La première transition

“Les expériences, le track record, sont moins valorisés en France que le diplôme obtenu ou la formation d’origine”

Il décide donc de reprendre ses études en master et rédige un mémoire de recherche qu’il poursuivra en doctorat sur le traitement des données de masse.
Il quitte alors l’armée pour se consacrer pleinement à ses études et au développement d’un premier projet entrepreneurial.

Un vent de changement se lève.

3. OAK Branch, sa première expérience entrepreneuriale
“Il faut avoir du réseau ! C’est la chose la plus importante à préparer. Comment te faire connaître toi et ton produit ?”

En 2014, Fanch fonde seul une startup sur les problématiques abordées au cours de ses expériences précédentes.
S’enchaînent 4 années où il jongle entre son doctorat, sa startup et un travail en parallèle dans la sûreté et la gestion de crise, passionnant et prenant, lui permettant également de subvenir à ses besoins.

“À cette époque, je jouais avec les curseurs entre le doctorat et la startup”. Quand la pression se faisait sentir du côté de son doctorat, il y déployait plus d’énergie. A l’inverse, lorsque la pression venait d’OAK Branch, il se recentrait alors sur sa startup. OAK Branch employait néanmoins 3 personnes. Il travaillait soirs et week-ends sur des problématiques liées à la sécurité, notamment la lutte contre les fraudes.

En 2018, OAK Branch s’associe avec un groupe qui devait lui permettre d’avoir un peu plus d’assises.
Ainsi il fait pivoter sa startup, passant du traitement de la donnée pour des sujets de renseignement, puis de sécurité intérieure et enfin de fraude et criminalité financière.
“Tu peux démarrer avec une conviction méga forte, mais au final, c’est ton marché et tes cash flows qui te dictent la direction”.

Le partenariat avec le groupe a permis de booster les effectifs à 11 personnes. Même si la relation s’est mal terminée, Fanch en tire une leçon, citant Nelson Mandela : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». S’associer oui ! Se faire accompagner oui ! Mais toujours avec les bonnes personnes.

Il était désormais prêt à se relancer dans une nouvelle aventure.

4. Le rebond : Nano Corp

Nouveau départ, nouvelle équipe. Nano Corp, c’est presque la startup de la maturité. Avec une équipe de cinq spécialistes (réseaux, télécommunications, Data Science), l’aventure démarre bien différemment.
“Cependant, attention à ne pas tomber dans le piège des fausses bonnes idées, telles que la répartition égalitaire entre associés par exemple ou ne pas se faire accompagner sur les statuts”.

D’où l’importance de prendre en compte tous les aspects juridiques, financiers et administratifs dès le début. Fanch insiste sur ce point.
“Cela pour te concentrer sur ton activité et ton cœur de métier. D’autant plus que dans l’armée, tu es dans une bulle. On ne te demande pas de t’occuper de l’administratif”.

Nano Corp est ainsi accompagnée par des experts spécialisés sur des thèmes essentiels, qui les guident ainsi dans l’aventure entrepreneuriale.
Seulement les problématiques rencontrées sont bien plus nombreuses.

Quels conseils et astuces aurais-tu aimé recevoir lorsque tu as débuté ?

La principale difficulté rencontrée par Fanch fut de collecter les besoins clients. Pour des solutions de pointe comme la sienne, le développement produit se fait au travers de POC (Proof of Concept) en co-construction avec les clients.

Néanmoins, les groupes restent méfiants et aucun client n’ouvre facilement et entièrement les portes de son IT à la première startup venue.

“En France, on manque de données économiques, de données marché, de tests d’acceptabilité, etc. sur des sujets de pointe comme les infrastructures cloud ou les cœurs de réseaux télécoms ».

C’est donc un panel d’utilisateurs ciblé et de la donnée qui auraient aidé Fanch lors du développement de Nano Corp. Mais pas que.

« Il y a un fort décalage entre les annonces au niveau gouvernemental en milliards d’euros et la redistribution au niveau local en dizaine de milliers d’euros ». Pourtant, il faut bien aller chercher toutes les aides et subventions possibles pour tenir en attendant d’avoir trouvé son premier client, son premier marché.
Certains échecs nous poussent à avancer, et sont un point de passage nécessaire dans l’apprentissage de l’entrepreneur.

Quel a été ton plus gros échec / la plus grande difficulté que tu as rencontrée en tant qu’entrepreneur ?

Un échec de partenariat. Ça peut être fatal !

Partir avec un mauvais associé, collaborateur, investisseur ou même partenaire business peut être dangereux pour la viabilité du projet.
En effet, “il est parfois préférable d’être seul que mal accompagné”.
Il arrive que les parties prenantes n’aient pas la même vision. C’est un point essentiel à anticiper.

« La plus grande difficulté est la multiplicité des tâches que doit être capable de réaliser un entrepreneur, savoir s’entourer de gens de confiance est un facteur clé de réussite ».

Nous savons bien qu’elle n’existe pas… mais quelle serait ta journée type ? Des patterns, des routines, l’évolution de ton rôle ?

“Il existe deux types de profil entrepreneur : ceux qui se lancent car ils ont vu une opportunité et ceux qui font ce qu’ils aiment”. Fanch fait partie de la deuxième équipe. Sa journée s’articule sur plusieurs points qui varient selon les besoins de Nano Corp : veille technologique, administratif, propriété intellectuelle et benchmarks.

La veille technologique : Pour Fanch, ce n’est pas du travail. Cette veille est essentielle pour comprendre ce qui se fait sur le marché, les concurrents et surtout être au courant des dernières technologies mises au point pour proposer une solution adaptée au besoin du client. Les papiers de recherche et développement et Academia sont de formidables ressources. Selon Fanch, il y a encore trop peu de création de startups issues de la conversion des résultats de ces recherches.

L’administratif : C’est essentiel, mais cela prend du temps. Beaucoup de temps !

Certaines démarches sont particulièrement énergivores comme la préparation d’une future levée de fonds ou la rédaction de dossiers de subventions pour la BPI par exemple. Savoir employer les aides mises à disposition par la BPI, la région ou le gouvernement (CIR, CII) est indispensable au lancement d’une startup. Pour éviter de perdre du temps, Fanch a su s’entourer des bonnes personnes pour prendre en charge ces différents sujets.

La propriété intellectuelle : Quand on travaille dans un domaine de pointe, il faut prendre le temps de déposer des brevets, faire de la recherche, écrire de la documentation prête à envoyer au client.

Il faut être capable de détailler à la fois pour des profils techniques et commerciaux sa technologie pour pouvoir se développer.

Le développement d’affaires : En tant que CEO, Fanch doit également constamment améliorer ses process. Trouver les bons distributeurs, optimiser les dates de livraison, imaginer de nouveaux projets, etc.

Les réunions régulières : Sur ce point, Fanch s’est toujours appliqué à ne pas multiplier les entrevues inutiles et maximiser son efficacité et celle de ses collaborateurs grâce à la grande autonomie laissée à ses équipes.

Les journées sont donc intenses et poussent à avancer pour faire évoluer son projet.

Qui seras-tu et que feras-tu dans 5 et 10 ans ?

Dans 5 ans, Fanch espère pouvoir passer la main de Nano Corp. Il a conscience qu’il est capable de porter ce projet jusqu’à un certain niveau, mais que d’autres personnes peut-être plus compétentes pourront prendre le relais pour les étapes suivantes.
La machine est lancée, on ne l’arrête plus !

Dans 10 ans, Fanch se voit déjà passer la main d’un nouveau projet après avoir réitéré le processus de développement.
Une âme d’entrepreneur dites-vous ? À écouter Fanch, c’est une histoire de passion dans tous les sens du terme. Joies et difficultés sont au menu de cette aventure humaine à la fois riche et exigeante qui demande avant tout un bon équilibre entre optimisme et lucidité.

Article rédigé par Théo Geniesse, Analyste VC, Estimeo

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